« Tina, tu es libertine ou polyamoureuse ? »
Immanquablement, quand cette question m’a été posée, j’ai répondu que j’étais polyamoureuse.
Pourtant…
Pourtant, si on s’attarde à la définition du Larousse pour le mot libertin, celle du XVIIIe siècle, un libertin était une personne « manifestait son indépendance d’esprit par rapport aux enseignements du christianisme, et qui refusait toute soumission à l’Église. » Je ne peux le nier, j’ai pris mes distances des enseignements religieux, je m’en amuse parfois dans certains textes. En revanche, si on s’attarde sur la définition plus récente : qui mène une vie dissolue, qui est de mœurs très libres, ma position est tout autre. En effet, je ne mène pas une vie dissolue, ma vie est bien rangée. Et mes mœurs alors, sont-elles libres, très libres ? Oui, probablement, mes mœurs sont beaucoup plus libres que la moyenne. Car en parlant de mœurs, nous parlons de sexe, n’est-ce pas ?
Ce qui est frappant, à toutes les personnes qui m’ont posé la question « polyA ou libertine », à toutes sans exception, je n’avais dit qu’une chose sur ma vie amoureuse : « j’ai deux chéris ». Toutes les personnes qui m’ont posé cette question ont ainsi procédé à tenter de me mettre dans une case. La plupart du temps, dans le contexte où elle était posée, la personne qui posait la question tentait d’évaluer si j’étais disponible pour du sexe sans effort et sans engagements. En répondant que je n’étais pas libertine, je m’assurais de ne pas avoir à gérer des avances non désirées.
Pourtant…
Pourtant, je suis consciente qu’une attraction physique peut naître entre deux personnes, ou plus, sans obligatoirement déboucher sur une relation amoureuse. J’imagine sans difficulté qu’une similitude d’esprits, des intérêts communs, une certaine alchimie puissent se traduire par une rencontre des corps, sans d’autres engagements que celui de partager un moment agréable pour tous.
Cependant, si je ne m’attends à construire une relation amoureuse avec chaque personne avec laquelle je ferais du sexe, j’attends qu’on me charme, qu’on me donne envie, qu’on fasse un effort. J’attends de sentir que je suis désirée. Un homme qui considère que si je suis libertine, ipso facto, je suis disponible pour la bête à deux dos aura vite fait de se mordre les doigts et de rentrer à la maison la queue entre les jambes.
Alors, Tina, cela ne nous dit pas si tu es libertine ou polyamoureuse.
Je suis l’une et l’autre, mais pour les fainéants, je suis et resterai polyamoureuse.