Trahi
À Camille
Ma chère, mon alter ego m’a laissé tomber !
Je dois le reconnaître, il m’a vraiment trahi.
Oui, ma chère, je t’assure, tout allait bien, crois-moi.
Et puis un jour, comme ça, d’un coup ça n’allait plus.
Il était fatigué, usé de notre vie.
Je te parle de ce jour où mon corps m’a trahi.
Bien sûr, je l’aime toujours, enfin, j’essaie, crois-moi.
Mais c’est bien difficile, vois-tu : il m’a trahi.
Il m’a fait prendre conscience de ma fragilité
Je ne suis pas fini, mais j’aurai une fin.
Voilà ce qu’il m’a dit. Je le savais, bien sûr.
Mais comme toi, je l’oublie, j’aurai une fin, c’est sûr.
Mais d’ici là ma chère, il faut que nous vivions
Alors je le bouscule, je fais du sport, je sors
Et lui il se défend, m’accable de fatigue
Il réclame des pauses, des moments de répit.
Et moi je ne veux pas, mais je n’ai pas le choix.
Que me dis-tu, ma chère, il faut que je pardonne ?
C’est mon alter ego, je lui en veux encore !
Il faudrait faire la paix, oublier la traitrise ?
Ce serait mieux, dis-tu, que je pardonne enfin ?
Que j’avance avec lui et non plus contre lui ?
Ah, je t’entends, ma chère, tu as raison sans doute.
D’accord, reposons-nous, reposons pour l’instant
Demain, nous reprendrons, si tu le veux mon corps
Demain, nous irons mieux, le veux-tu bien mon corps ?
Demain, nous avancerons, car tu le sais mon corps
Tu m’as trahi, et oui, mais j’ai besoin de toi.
Mon corps, je te pardonne et j’absous tes faiblesses
J’accepte tes limites. Je te pardonne, mon corps.
Demain, nous avancerons, à ton rythme, pas au mien.
Et nous ferons de pauses, si tu en as besoin.
Demain, mon corps, nous vivrons, tous les deux.
Encore.