Ballade
Marc attrapa sa veste, il mit ses clés dans sa poche ainsi que son téléphone et il sortit de la maison.
Il verrouilla la porte et franchit les quelques mètres qui le séparaient du trottoir. Il referma le portillon du jardinet derrière lui tout en se demandant de quel côté aller.
Machinalement, il se dirigea vers le canal du Midi qui se trouvait à quelques minutes de là.
Une fois arrivé, il déambula en observant d’un œil distrait les bateliers qui s’affairent sur une péniche.
Il s’assit sur un banc et essaya de se détendre. Un rayon de soleil caressait son visage doucement. Il se rendit compte qu’il n’allait pas tarder à faire nuit. Les jours avaient commencé à se raccourcir.
Devant lui, les bateliers amarraient leur embarcation. Ils allaient probablement passer la nuit près de l’écluse avant de continuer leur remontée vers Toulouse.
Une brise agitait légèrement les feuilles des arbres et portait des rires d’enfants qui jouaient au loin.
La journée tirait à sa fin, il faisait soudainement plus frais. Marc referma sa veste. Il regarda l’heure. Il était encore trop tôt pour appeler.
Il se rejoua la conversation qu’il avait eue avec Camille, pensant aux questions qu’il aurait dû poser. Il tentait de comprendre. Pourquoi ne devait-il pas parler de Boubi ? Pourquoi tant de mystère ? Pourquoi n’avait-elle tout simplement pas dit ce qu’il y a savoir ? Il joua à nouveau avec l’éventualité d’une mauvaise blague.
Tout en réfléchissant, il se remit à marcher. Il s’approchait de sa maison quand il se rendit compte que ses lacets étaient défaits. Il se baissa pour les refaire.
Un bruit devant lui attira son attention.
Il leva la tête tout en restant baissé dans l’ombre. Là, il vit une silhouette debout devant son portillon. La personne regardait sa maison, puis elle traversa la rue et monta dans une voiture garée à quelques mètres de là.
« Qu’est-ce que c’est encore ? » se demanda Marc. Toujours accroupis, il se souvient de mots de Camille : « tu es peut-être déjà surveillé. » Mais par qui et pourquoi ?
Il observa la voiture un moment, il y avait apparemment deux personnes dedans. Il lui semble qu’elles regardaient de temps en temps vers sa maison. Mais il n’en était pas certain, car leurs têtes étaient dans la pénombre.
Marc secoua la tête en se relevant « je deviens parano, moi », marmonna-t-il. Il reprit sa route vers sa maison. Malgré tout, il ne put s’empêcher de jeter un œil à la voiture quand il passa à son niveau. Les personnes présentes à l’intérieur ne lui prêtèrent pas attention. Marc haussa les épaules et continua.
Il rentra chez lui, verrouilla sa porte et enleva sa veste. Il alluma dans les pièces au fur et à mesure qu’il avançait. Arrivé dans le salon, il prit son lecteur sur la table basse. Il l’alluma et chargea le livre qu’il avait commencé le matin même : « Tina’s story », écrit par une certaine Tina d’ Arnoux.
Il se laissa porter par l’histoire dans la forêt de la montagne noire. Page après page, l’histoire se déroulait sous ses yeux, à la fois excitante et palpitante. Il était suspendu, hors du temps, à la lecture des aventures de Lucas et Tina.
Une alarme interrompit brutalement le silence de la maison et le ramena à la réalité bien malgré lui.
Il était 19 h.