C’est le matin déjà et j’ai un rendez-vous. Un rendez-vous secret avec mon voisin. Pourquoi secret ? Parce qu’il ne le sait pas, mais tous les matins, je le regarde en buvant mon café noir, debout dans la pénombre, à la fenêtre de mon salon.
Tous les matins, mon voisin repasse. Il repasse une chemise. Une chemise blanche. Puis il repart s’habiller…dans sa chambre, je suppose.
Vous vous demandez bien pourquoi je vous raconte cela. J’y arrive, patientez.
Je vais vous décrire ce que je vois depuis ma fenêtre.
Imaginez, un homme entre deux âges, dans son salon, la table à repasser perpendiculaire à la fenêtre. L’homme porte un peignoir. La chemise attend sur la table à repasser.
Pendant que le fer chauffe, le voisin prend son téléphone. Il le compulse avec attention. Et comme tous les matins, un frémissement sous son peignoir.
De profil, je n’ai aucun doute, sur ce qui se passe sous ce peignoir. Non, aucun.
Comme tous les matins, il commence son repassage. Puis, son peignoir s’entrouvre un peu, au gré de ses mouvements.
Et tous les matins, une légère déception, quand il ajuste son peignoir, le resserre.
Tous les matins, sauf ce matin.
Ce matin, il ne referme pas son peignoir. Non, ce matin, il le laisse bâiller.
Mon café à la main, je n’ose plus bouger. Je retiens mon souffle.
Il a fini son repassage. Il reste debout quelques instants. Puis, il dénoue son peignoir avec une lenteur qui semble délibérée.
Surprise par le changement de script, je pose ma tasse.
La ceinture du peignoir tombe sur les côtés. Il écarte les pans et le maintien ouvert, les mains sur les hanches.
Est-ce qu’à ce moment, je ne vois plus que son membre érigé ? Oui. Mon regard reste fixé sur cette partie de son corps. La seule que je puisse voir depuis ma fenêtre.
Suis-je émue ? Oui, je le concède.
Et comme hypnotisée, je le suis du regard alors que mon voisin se tourne vers la fenêtre, vers moi.
Je retiens un mouvement de recul.
À quoi bon ?
Il sait que je suis là.
Un peu inquiète, je regarde son visage.
Il sourit.
Ah. Très bien. Il sourit.
Il me fait un signe de la main, comme pour dire bonjour. Je réponds, un tantinet gênée. Et je me demande, comment il peut me voir, alors je n’ai pas allumé. Mais déjà il s’en va. Il attrape sa chemise et quitte son salon.
Je reprends mon café, il est froid. Comment savait-il que j’étais là ? Je regarde derrière moi. Ah, bien entendu, mon nouvel aquarium dont la lumière se déclenche tous les jours à 7 h. Une lumière suffisante pour surligner ma silhouette à la fenêtre…
Sur inspiration du texte d’un joueur parisien.